« Je m’appelle Zohra M. J’ai 72 ans, je suis d’origine marocaine. Je suis arrivée en France il y a 46 ans.
J’ai grandi dans une grande ville portuaire.
J’ai été à l’école religieuse mais j’ai dû arrêter très vite car les filles n’avaient pas le droit d’aller à l’école avec les garçons.
J’apprenais tout par cœur facilement, je me débrouillais bien en maths.
J’ai commencé à travailler à l’âge de 10 ans.
Suite à la mort de ma mère, quand j’étais adolescente, je me suis retrouvée seule parce que mes frères et sœurs avaient déjà leurs familles, moi j’étais la petite dernière et ça ne se fait pas au Maroc pour une femme de vivre seule.
Mon regret c’est de ne pas avoir été à l’école plus longtemps, si j’avais su bien lire, si j’avais été plus instruite j’aurais aimé être sage-femme. J’ai assisté aux accouchements de mes sœurs. J’aime tout ce qui concerne les bébés.
La première fois que je suis venue en France c’était à Béziers pour des vacances j’avais presque 20 ans.
Et puis je suis revenue quelques années plus tard avec un titre de séjour et un travail. Je faisais des petits boulots, de la garde d’enfants, de la couture, de la cuisine, je me suis occupée de personnes âgées. J’ai pu habiter dans un logement décent. J’ai été bien accueillie. Je me suis vite intégrée.
Le premier jour j’étais très dépaysée, c’était à Manduel.
Quand une personne arrivait au village, les personnes âgées étaient curieuses, venaient à sa rencontre, puis ça se passait comme si c’était une grande famille, tout le monde se parlait, se disait bonjour, on se rendait des services.
Aujourd’hui c’est plus du tout pareil, les gens sont plus méfiants avec ceux qui arrivent.
C’est dommage parce que ceux qui quittent leur pays pour trouver une vie meilleure en France ont beaucoup de choses à partager, la cuisine, la culture...c’est enrichissant pour tout le monde.
Quand on est nouveau dans un pays il faut savoir apprendre et être patient.
Au début mon pays me manquait, surtout les grandes fêtes de famille... mais au Maroc, c’est difficile pour les femmes, les hommes sont très machos. Les femmes sont limitées alors qu’elles pourraient faire beaucoup de choses. »
En France il y a beaucoup de liberté d’esprit et c’est ce qui me plait le plus.
Depuis 5 ans je viens à l’APA pour les cours de français, je parle bien français mais j’ai encore du mal à le lire et à l’écrire.
Je me sens bien ici.
Depuis quelques temps je suis même devenue bénévole de l’association Protestante d’Assistance.