Discours prononcé par Christian POLGE, président de l’Association Protestante d’Assistance, lors de la rencontre des vœux aux bénévoles et partenaires, le 20 janvier 2020.
Bonjour à toutes et à tous et merci d'être aussi nombreux.
Au-delà du plaisir de satisfaire à cette coutume de se regrouper pour fêter l'année nouvelle, c'est aussi le temps de souhaiter à chacun d'entre nous des jours à venir les plus agréables possibles.
Tout cela est résumé dans cette formule traditionnelle « Bonne Année »
Lors de la rencontre des bénévoles, le 19 décembre, je vous disais combien l'année 2019 avait été une année riche en rencontres, manifestations, initiatives. Je vous disais combien tout cela était dû à l'engagement et au soutien de plus en plus important dont bénéficie l'APA de la part de nombreuses personnes dont un certain nombre sont ici présentes.
En silence, dans la discrétion, depuis le 22 février 1904, date de sa création, dans la suite de la caisse des pauvres, crée le 23 mars 1561 par les protestants nîmois, les portes de l'APA sont ouvertes pour accueillir.
Cet accueil est ainsi défini dans les statuts de l'association :
«- accueillir et intervenir prioritairement auprès des personnes et des familles en grande difficulté en vue de leur apporter dans un premier temps, et souvent dans l'urgence, des réponses concrètes et immédiates à leurs besoins,
puis de leur assurer, dans la durée, un accompagnement repérant les besoins plus spécifiques, afin de mettre à leur disposition les moyens et outils indispensables pour rompre avec la solitude et l'isolement,
et dans la mesure du possible, de les engager dans une démarche de réintégration sociale et de reconstruction de leur personnalité, de nature à favoriser leur retour à l’autonomie.
L'APA s'engage sans exclusive auprès des personnes rencontrées. Elle écarte tout prosélytisme, ségrégation ou discrimination, et ce dans le respect de la tradition laïque française, tolérante, humaniste et responsable. »
Comment une telle association locale a-t-elle pu ainsi perdurer ?
Tout d'abord cela est, me semble-t-il, dû, en partie, à sa capacité à agir, en ne se limitant plus seulement à ne soutenir que les familles protestantes, ainsi qu'en sa capacité à mobiliser des soutiens (bénévoles et donateurs) au-delà des seuls protestants nîmois.
Mais il y a une troisième raison, c'est sa faculté d’adaptation. Les missions traditionnelles de secours alimentaire et vestimentaire ont évolué. Nous sommes passés de la distribution des colis alimentaires à l'épicerie sociale et solidaire « Défi Market » et à la sensibilisation au « bien manger » (cuisine pédagogique) et du vestiaire à une boutique de vêtements « l'arbre à fripes ».
Les besoins nouveaux des personnes accueillies, liés à l’accès au savoir, à la culture ont été pris en compte et développés dans une démarche de réintégration sociale
(apprentissage du français, visites culturelles, soutien à la scolarité, formation aux nouveaux outils de communication informatique). La compréhension des risques d'isolement des personnes âgées vivant à leur domicile a conduit à la mise en place d'une équipe de visiteurs. Enfin une vraie politique d'accueil des personnes a été mise en place en offrant un cadre chaleureux, gai, animé par une équipe dédiée et les conditions d'écoute pour évaluer les besoins sont de qualité. L'engagement des personnels salariés (permanents ou temporaires) n'a jamais fait défaut. Continuons à les soutenir et à les accompagner dans la nécessaire évolution de leurs missions.
Et pourtant, malgré cette capacité d'adaptation, l’APA reste, pour les pouvoirs publics, une association « charitable ».
Il y plusieurs raisons, me semble-t-il, à cela.
La première se trouve dans le nom même de l'association, association « protestante ».
Ce mot connote notre association et crée un lien avec une religion.
L'APA avant d'être une association est perçue comme une œuvre d'église.
La deuxième c'est son mode de fonctionnement.
C'est une association de bénévoles avec seulement 2 salariées.
Cette originalité peut être perçue comme une faiblesse, voire un handicap par ceux en capacité de nous confier des missions, craignant notre manque de professionnalisme et le risque de ne pouvoir tenir nos engagements, en raison du statut des personnes intervenant au sein de l'APA.
Je sais qu'en vous disant cela, je risque de choquer certains d'entre vous, mais sachez que cela nous a été dit, pour justifier le « non soutien » de nos actions.
Enfin dernier constat : l'APA ces dernières années, en répondant aux nombreuses demandes de familles étrangères, a été identifiée par les services sociaux, comme un dispositif d'aides aux personnes immigrées et cela peut expliquer, avec la diminution des aides financières accordées, que ces derniers orientent moins que dans le passé, des familles nîmoises vers nos permanences d’accueil.
Dans un contexte politique qui a évolué, dans une société française qui ouvre en permanence le débat sur la laïcité pour se protéger des dérives communautaristes, l' APA doit continuer à occuper l'espace public afin d’affirmer d’où elle vient, les valeurs qui lui sont attachées et en même temps témoigner de sa capacité à agir en raison de son savoir-faire et de son profond respect de cette tradition laïque française, tolérante, humaniste et responsable.
Notre association est donc à un tournant.
Elle doit retrouver sa place dans la cité et oser prendre toute sa place dans la construction des réponses à développer au côté des pouvoirs publics. Elle doit le faire tout en continuant son soutien aux invisibles de la société.
Elle doit agir avec d'autres, en partenariat.
Elle doit contribuer à ouvrir et développer des lieux de paroles, d’échanges d'idées.
Elle doit être force de propositions.
Après de nombreux échanges avec Marie Orcel, portant sur notre compréhension de la situation de l'APA et notre analyse, des enjeux de la société pour les années à venir, j'ai proposé au conseil d'administration d'engager une réflexion, portant sur l'écriture du projet associatif et soumis aux membres du bureau de l'association, qui les ont adoptés à l'unanimité le 12 décembre 2019, les axes de ce projet pour les 3 années à venir.
Ce projet se résume à 4 verbes ANTICIPER, AGIR, S'ENGAGER et S'ASSOCIER et se définit par les objectifs suivants :
Mieux comprendre ce qui, dans le choix des décideurs, tant au niveau national que local, va générer de nouvelles relations sociales et en mesurer les conséquences en terme d'intégration, d'exclusion des personnes donc ANTICIPER
Adapter notre capacité à construire des actions afin de répondre aux nouveaux besoins, donc AGIR
Contribuer et participer au débat politique en favorisant la réflexion et le partage avec les acteurs institutionnels publics et associatifs en menant des actions de plaidoyer, d'information et de sensibilisation, donc S'ENGAGER
Développer nos modes de communication pour mieux faire savoir et mobiliser, donc S'ASSOCIER.
Nous sommes déjà en route.
De nouveaux outils de communication sont en place, newsletters et réseaux sociaux, de nombreux événements culturels ont déjà été organisés.
Le débat dans l'espace public est ouvert, le 1er colloque de l'APA le 2 décembre 2019 en témoigne.
Le partenariat se construit. Ensemble, la Maison de Santé de Protestante de Nîmes, l'Association Protestante de Services, le Comité Départemental d’Éducation à la Santé du Gard et l'APA, nous venons de répondre à un appel à projet de l'Agence Régionale de Santé d’Occitanie participant ainsi activement au dispositif « Projets innovants » pour permettre aux personnes âgées isolées, vivant à Nîmes, de bien vieillir à domicile.
Un tel programme pour les 3 années à venir a du sens.
Il ne renie rien de l'histoire passée mais il est résolument tourné vers l'avenir
Nous n’avançons pas cachés.
Ce projet associatif n'est pas utopique. Nous avons les qualités, les compétences et l'intelligence pour réussir.
Je vous invite à vous y associer.
Mon vœu pour cette association que nous servons c'est que nous continuions à l'aider à réussir cette nouvelle aventure. Nous apporterons, ainsi, par des actes, la preuve qu’aujourd’hui comme hier l'APA est toujours là.
Christian POLGE
Président de l'APA
Nîmes, le 20 janvier 2020